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De Berlin à Moscou en train de nuit

J'ai pris le train à 8h du matin, le direct Berlin à Moscou, passant par Varsovie. 28 heures plus tard, à Vaukavysk (une pancarte nous attendait juste sur le quai), quelqu'un allume la lumière dans les compartiments, et on entend par les haut-parleurs "douane : préparez vos papiers s'il vous plait". J'étais alors parfaitement éveillée et venais de réaliser que nous avions passé la frontière Pologne - Russe. J'étais impatiente de retrouver ma famille à Moscou le lendemain matin. En tant que Russe, j'étudie les langues slaves à la Freie Universität de Berlin et ne rentre que rarement, les billets étant chers et très convoités.

J'étais impatiente, même si je savais que mes papiers étaient bien lotis sous mon coussin. Mais soudainement je sens que je ne suis plus seule dans le wagon - j'aperçois mon voisin de cabine inquiet, en sueur - il n'avait certainement pas fermé les yeux depuis son arrivée dans le wagon, probablement à Varsovie. Je fais une première approche en lui demandant d'où il vient. De Ghana, il répond. Sa copine l'attend à Moscou, ils veulent monter un restaurant africain ensemble, ou Ethipien, je n'ai pas bien compris. Il ne parle que très peu anglais ou allemand, mais on arrive à se comprendre avec un langage de bras, mains et quelques bribes d'allemand.

Puis le contrôleur arrive, accompagné de deux douaniers et un grand berger allemand avec des yeux féroces. Il regarde à peine mes papiers avant de s'intéresser pleinement à mon voisin. Ce dernier dit les avoir perdu à Varsovie - on ne l'a décidément pas briefé sur l'intransigeance des douaniers face aux trop faciles "pertes de papier", même lorsque le passager a des billets de train tout à fait valables. J'ai hésité une minute à faire semblant et dire que c'est mon petit ami, que tout ira bien, que ses papier sont chez ma grand-mère au fond du tiroir et comme un imbécile, il les a encore oubliés la bas. Mais je n'ose pas, et je m'en veux.

Kolassi doit sortir du train. Il fait très froid dehors, on vient de passer la frontière. Je regarde par la fenêtre du wagon, il a la tête baissée, la démarche lente, pendant que les policiers (polis) l'interrogent. Le train redémarre après 10 minutes d'arrêt, je suis désormais seule dans le wagon, et je sens comme un vide après le départ de l'Inconnu. Je regarde dehors, quelque chose est différent. Peut-être est-ce les fils électriques qui apparaissent au dessus de la terre, ou bien la végétation, bien plus aride côté russe ? Et je me rends compte qu'en Europe, tout est quand même plus simple. La Russie est dure, et intransigeante. Et le train continue sa route.

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